Témoignage d’une psychologue. Emilie LAPLAGNE. CRRF de Noth.

Témoignage de ma relation aux patients :

Ma relation aux patients est d’abord conditionnée par une rencontre, souvent à l’initiative d’un autre professionnel du centre de rééducation. En qualité de psychologue du travail au sein d’une équipe pluridisciplinaire, je peux être amenée à voir les patients en entretien individuel, en entretien tripartite avec mes collègues (assistante sociale ou ergothérapeute), ou lors d’ateliers collectifs d’éducation thérapeutique.

Un de mes premiers objectifs est de requestionner la volonté de la personne d’entrer en relation avec moi ou mon service et d’être accompagnée. Je garde en tête le plus possible le code de déontologie des psychologues.

Je perçois cette relation professionnelle comme plutôt empathique, informative certaines fois et une relation relativement courte de mon point de vue. L’idée est d’évoquer avec la personne son retour à l’emploi à plus ou moins longue échéance, tout en prenant en compte des aspects de vie plus globaux.

Il peut arriver que cette rencontre soit assez précoce dans le parcours de rééducation du patient et nous avons le temps de réfléchir, d’élaborer, de questionner. D’autres fois, la personne n’est pas forcément disposée à poursuivre les entretiens, encore focalisée sur sa récupération fonctionnelle.

Il peut également arriver que je rencontre la personne sur la fin de son séjour et souvent, cette dernière a une vision plus nette de ses possibilités et capacités. Le temps à disposition est alors assez court pour engager un travail de réflexion ou des démarches concrètes concernant le retour vers l’emploi mais l’action de mon équipe peut s’étendre au-delà des murs de l’établissement et de la sortie de la personne. Cela permet de respecter la temporalité de la personne et de requestionner plus tard sa situation. 

Cet accompagnement, même s’il est la plupart du temps « borné » au temps de la rééducation, peut permettre d’observer des évolutions dans le cheminement psychologique des patients, dans leur réflexion sur leur devenir professionnel. Cela peut faire émerger des pistes, de nouvelles envies ou impulser une nouvelle dynamique. 

Pour moi, cette relation est en équilibre/déséquilibre permanent car je me dois de garantir le cadre de l’accompagnement. La relation est faite d’échanges à partir de ce qu’amène le patient, de confiance et touche à l’intimité de la personne. En tant que professionnelle et en tant que personne, j’apprends aussi beaucoup de l’humain tout en gardant ma réserve.