D’où vient l’idée de PLURIACT Alain MOLAS

D’OU VIENT L’IDEE DE PLURIACT ?

La question suivante a été posée par une des participantes lors d’un entretien collectif :

« Comment vous est venue l’idée de faire des réunions comme ça, parce que c’est génial ? »

Réponse d’Alain Molas :

« D’où vient cette idée de Pluriact ? Je ne peux pas répondre à la place d’Alain Depaulis, qui est le maître d’œuvre de ce projet, mais nous avons lui et moi une expérience commune, celle de l’expérience de la psychanalyse. Je crois que ce qui s’est mis en place avec Pluriact porte la marque profonde de ce que la psychanalyse a pu apporter, a pu nous apporter. Et ça répond à ce que qui s’exprime souvent dans les équipes : quand quelqu’un est en souffrance c’est qu’il subit quelque chose qu’il ne peut pas identifier. Et ce qu’il subit, ce sont en fait les paroles qu’il a reçu de ses parents quand il était enfant et que ses propres parents ont reçues aussi, qui sont en lui et qu’il ne peut pas identifier. Une sorte de discours qui n’a pas de sujet, on ne sait pas…

Faire une analyse c’est retrouver, identifier ce discours qui s’impose à nous et qui nous permet d’être soulagé parce qu’on ne le subit plus. On sait que ça existe, le discours des tutelles existera toujours, le discours de la productivité, du faire, que vous avez bien décrit, ça existe puisqu’on est dans un discours capitaliste de production et de profit. Mais on peut avoir un espace de résistance par rapport à ce discours capitaliste. Et la psychanalyse… Y a peut-être d’autres façons… mais Alain et moi, on a cette expérience là et on l’a ressenti dans notre chair : ce que parler librement, sans jugement comme vous l’avez dit, tout simplement pour faire entendre notre parole sur le divan et bien ça a cet effet de soulagement, de libération. C’est un peu cette expérience-là qui nous a servi de fil conducteur, on a fait le pari, Alain l’a fait à sa façon, je l’ai fait dans des institutions d’une autre manière et d’autres l’ont fait, que ça peut avoir un effet social, c’est à dire non pas individuellement, mais collectivement.

Il y a beaucoup de méthodes pour aider les équipes, mais elles sont toujours sous tendues par un motif, celui de faire mieux travailler les gens, donc c’est biaisé. Faut que les gens soient heureux au travail parce qu’ils sont plus productifs. C’est un message perverti. »