Témoignage précarité, Françoise Tête, infirmière association ISBA.

Tête Françoise, témoignage.

Je m’appelle Françoise Tête, je suis infirmière diplômée d’état depuis juillet 2021 et je travaille au sein de l’association ISBA Santé Prévention (Institut de Santé Bourgogne Auvergne) depuis le 23 août 2021, en tant qu’infirmière d’accompagnement individualisé à la santé.

Sur le territoire Creusois nous sommes 3 infirmiers d’accompagnement. Cette action existe de puis 1999 et est financée par l’ARS et le Conseil Départemental.

Nous travaillons en collaboration avec les UTAS (Unité territoriale d’action sociale) du département et tout particulièrement avec les assistantes sociales de secteur. Mais nous pouvons également intervenir par sollicitation d’autres travailleurs sociaux (AECJF, MSA, …).

Notre travail consiste à accompagner les personnes les plus éloignées du soin dans leurs démarches de santé (prise de rdv, accompagnement physique aux rdv, visites à domicile, soutien psychologique, compréhension santé, prévention…). Les personnes qui nous sont adressées sont souvent en situation de précarité, physique, morale ou financière et l’accès à la santé leur est difficile voire impossible. La première rencontre avec les personnes accompagnées se fait généralement avec le travailleur social qui nous l’a orienté. Par la suite je rencontre la personne à plusieurs reprises, soit à domicile, soit sur un lieu extérieur, afin de faire le point sur sa santé mais également sur sa situation en général, le but étant de prendre en accompagnement la personne dans sa globalité. Le patient nous expose les points santé à traiter puis nous voyons ensemble l’ordre de priorité dans les soins. Le but de mon intervention est d’amener les personnes accompagnées à renouer avec la santé, de les aider à réaliser les démarches nécessaires, de mettre en place tant que cela est possible les outils nécessaires à leur accessibilité à la santé, et de les amener progressivement à être autonomes face à leur parcours de soins. 

Notre travail consiste aussi à amener les personnes physiquement vers le soin. Pour ce faire nous disposons de véhicule et nous allons chercher les personnes à domicile, nous les amenons aux rdv médicaux et participons si nécessaire aux consultations.

A l’heure actuelle face au désert médical dans lequel nous sommes la précarité en matière de santé ne cesse d’accroitre. La première démarche à effectuer est de s’assurer qu’il existe bien un suivi avec un médecin traitant. A défaut, il faut alors faire le nécessaire pour que le parcours de soins puisse se mettre en place. L’éloignement de la population des centres de soins et encore plus des spécialistes en santé (orl, pneumologue, cardiologue…) amène de fait à la précarité en santé. La mobilité est un axe primordial dans l’accès aux soins. Il existe des solutions proposées par le Conseil Départemental mais cela ne suffit pas à lever certains freins.

L’accompagnement à la santé se base sur le relationnel que l’on va arriver à créer avec la personne accompagnée. Comme pour tout accompagnement il va dépendre de la confiance qui va se créer entre le patient et nous-même. Au début de l’intervention nous apprenons à nous connaitre, le lien de confiance s’instaure au fur et à mesure de l’accompagnement.

 Tout au long de l’accompagnement des liens se tissent afin de donner une solidité et une stabilité à cet accompagnement qu’il nous faut peu à peu relâcher afin que la personne puisse évoluer seule. Accompagner c’est « être avec » et « aller vers ».

            Les difficultés sont celles de l’entrée en relation avec tout être humain, il faut savoir écouter, comprendre ne pas juger, trouver sa place. La difficulté peut être que nous intervenons essentiellement auprès de personnes en souffrance et qui attendent de nous du réconfort. Mais dans l’accompagnement à la santé des personnes en situation de précarité, le frein majeur de l’accès à la santé reste la mobilité, et le manque de professionnels de santé qui ne cesse d’augmenter. La précarité amène bien souvent à une santé dégradée, lorsque rien n’est positif dans son environnement il est très difficile de penser à soi. De plus se mêle à cela un sentiment d’exclusion. Notre intervention est là pour qu’ils renouent avec eux même et qu’ils apprennent à prendre soin d’eux, et qu’ils soient moins en difficulté pour avancer dans leur quotidien.

Le lien que l’on établie avec nos patients est la base de la réussite de notre accompagnement.