Nos premières rencontres ou demandes d’entretien ont lieu en hospitalisation résidentielle, au décours d’une prise en charge préventive ambulatoire spécialisée en addictologie. La demande souvent formulée directement par le patient, peut également émaner des professionnels médicaux et paramédicaux (médecins psychiatres – addictologues, infirmièr(e)s) pour effectuer un bilan social à visée diagnostique.
La demande première formulée par le patient est à fin d’accès aux droits.
Les séjours hospitaliers n’étant pas pris en charge à 100%, malgré la reconnaissance de la pathologie addictive comme une affection de longue durée, la valorisation d’un droit à la complémentaire santé solidaire, pour les patients en situation de précarité, garantira ce soin.
Pour les patients exclus du dispositif de droit commun, du fait de situations socio-pro-financières plus favorables, une orientation et un accompagnement sont proposés, si besoin, pour la souscription à une complémentaire santé. A défaut, la marche à suivre est donnée.
L’engagement financier personnel au soin peut avoir un impact délétère sur la motivation intrinsèque à poursuivre la démarche engagée et devient un levier, reconnu comme légitime, à l’arrêt des soins.
En effet, le recours des patients au service social découle de situations financières et budgétaires précaires par l’impact financier de la conduite addictive et l’incurie administrative qu’elle génère. Procéder à un état des lieux précis de la situation globale, c’est assurer de valoriser et/ou régulariser l’ensemble des droits sociaux connexes (CAF – RSA, allocation logement, CPAM – indemnités journalières, reconnaissance en lien avec la MDPH, orientation vers les organismes partenariaux compétents – département, région, Pôle emploi, Banque de France – surendettement).
Il est évident que la ou les origines et causes de la demande initiale de rencontre sont communément connues et entendues, par l’accord préalable de partage d’informations entre les acteurs (patient, médecin, infirmièr(e), psychologue, assistant(e) social(e)), postulat de départ, parfois utopique, d’une prise en charge.
Rares sont les demandes directes formulées par le patient, au risque de livrer et mettre à nus les répercussions de sa ou ses conduites addictives problématiques.
A l’inverse, certaines demandes directes et précises peuvent interroger sur la recherche sous tendues d’un bénéfice secondaire. La présentation faite « je suis malade addicte ou alcoolique» à destination de l’assistant(e) social(e), au-delà de la prise de conscience de la pathologie, peut interroger sur l’effet recherché et escompté. Apitoiement d’incurabilité pouvant conduire à proposer l’accès à des dispositifs d’aides spécifiques, auxquels ils n’auraient su prétendre sans « cette étiquette ».
La relation d’aide et l’alliance resteront faites d’évaluation, de jeux d’empathie et d’équité. Malgré sa problématique, le patient se doit être et non pathologie.
Le soin prend sens dans la dimension motivationnelle propre à chacun avec ses forces et limites du curseur souhaitait de changement et l’origine de la demande. Motivation à bien-fait organique, sociétal, familial, personnel, définira le cadre, les modalités d’accompagnement et de durée de suivi.
Comme dans toute relation à l’autre des temps de rupture, d’éloignement, d’arrêt ou de demandes intensives seront présents, pour cause d’amélioration globale, de meilleur contrôle, de rechute, de besoins et d’attentes complexes.
L’approche systémique est donc primordiale.
L’accroche avec l’entourage, l’environnement proche, à l’initiative du patient, est bien souvent rare, ou volontaire à but de réassurance.
Il est fréquent, que les proches (famille, ami, entourage), vecteurs d’échange, d’information, prennent attache directement de l’assistant(e) social(e) référent(e). Préalable à cette démarche, l’accord et la toute transparence entre chacun des partis.
L’accompagnement et l’approche techniques d’accès aux droits, de courte durée, glisseront sur une relation repère, un point d’ancrage, identifiée comme pivot, pouvant s’inscrire sans limite temporelle, si perdure la dynamique de soins, dont la référence de validation restera médicale.
Une vision sociale d’équité humaine, d’accès aux droits, synonyme d’accès aux soins ?
ARNAUD DELANNE, Assistant social en service addictologie
Le 27 mars 2021