Entretien collectif PF Cohésion sociale, Ville de Gaillac (81)

Entretien collectif, PF Cohésion sociale ville de Gaillac.

Jeudi 11 octobre 2018

L’équipe « Cohésion sociale, PF ASB-RE de la Ville de Gaillac » est constituée de professionnels d’origines diverses dont certains sont prescripteurs d’interventions auprès de personnes précaires et d’autres prestataires. Le groupe a compté jusqu’à onze participants. Quatre personnes présentes lors de l’entretien collectif n’ont pas assisté à la première séance de présentation du cycle de 6 ateliers. Une raison probable de certains quiproquos : « On n’était pas sur la même longueur d’onde ! »

Le vécu du groupe par rapport à la démarche Pluriact se partage entre ceux qui constatent que les échanges ont été riches, mais déplorent qu’il n’y ait pas eu un fil conducteur qui permette d’élaborer quelque chose. Et ceux qui considèrent que le but de Pluriact n’était pas d’apporter des réponses, mais de permettre à l’équipe de se poser des questions sur son fonctionnement.

Pour les premiers le but de Pluriact était d’éclaircir le fonctionnement de la PF. Dans cette optique l’objectif n’a pas été atteint. Le groupe fait le constat d’avoir beaucoup « tourné autour du pot », à savoir quel est notre objectif commun ? Qu’est-ce qu’on partage ? A quoi sert la PF ? Qu’est-ce que chacun y fait et comment ? Selon eux, il était décidé de travailler dans le même sens, or il n’a jamais été défini d’où le constat d’une incompréhension à chaque séance : « En fait on n’a pas défini l’objectif commun, on n’est pas allé au bout. » Le travail réalisé est resté flou avec un sentiment de regret : « On aurait pu co-construire quelque chose qu’on aura du mal à construire après. » Il en est résulté l’impression d’un gros problème de communication, d’un «  dialogue de sourds ».

Le mode de conduite des ateliers est interrogé : l’animateur lance le thème de la séance sans autres indications. « C’est très riche mais on ne reprend rien de ce qui s’est dit à la séance précédente. On n’avance pas dans la construction de ce qu’on fait ensemble et c’est peut être dommage par rapport à ce que vous proposez. »

Le manque d’un préalable est cité. La première séance manquait de fil conducteur, le thème était le dysfonctionnement, peut-être aurait-il fallu parler d’abord de fonctionnement. Une étape a été omise celle de rappeler l’intérêt d’avoir une PF. Les raisons diverses de chacun de venir sur la PF et d’en situer l’utilité.

C’est ainsi que le groupe va se colleter dans toutes ses déclinaisons la question récurrente : à quoi sert la PF ?

Quelle est la plus-value de l’intervention de la PF pour les bénéficiaires ? Comment y travaille-t-on ? Qui fait quoi ? Comment on le fait ? Comment on oriente ? Malgré nos visions et nos langages différents, qu’avons-nous à partager ? C’est quoi le but de la PF ? Concrètement ?

Etonnamment, peut-être à cause de la complexité du fonctionnement de la PF, les acteurs ont du mal à nommer ce qui les réunit et qui est pourtant omniprésent dans le discours de chacun : l’accompagnement de la personne ! Plus explicitement, ce qui va permettre de trouver, ensemble, les meilleures solutions possibles pour accompagner la personne, mieux qu’en le faisant chacun de son côté. « Il y a des moments où on se retrouve seul et c’est là qu’il faut chercher ailleurs une réponse qu’on ne peut pas trouver tout seul. Qu’il faut reprendre avec d’autres. »

La PF existe depuis dix ans, elle a connu des formes différentes, des acteurs variés. Dédiée à son origine aux personnes en carence de moyens langagiers donc à la maîtrise de la langue, elle est aujourd’hui orientée vers l’accès aux savoirs et la remobilisation vers l’emploi. A l’issue des six ateliers, chacun peut convenir du profit de mieux connaitre, voire de découvrir le fonctionnement de la PF, de mieux saisir la notion de parcours de la personne… « Je découvre la PF au fil des séances de Pluriact, avec cette impression que ce n’était pas acquis pour tout le monde. » Il n’est pas non plus négligeable pour d’autres de se rencontrer, de connaitre les nouveaux partenaires et de mettre un visage sur un nom. Pluriact a également pu aider à situer les différents acteurs et à se positionner dans le champ social. « Pluriact nous a permis de mieux se connaitre et de mieux savoir comment se contacter, d’envisager de travailler différemment. »

Pour les seconds, n’attendant pas de résultats concrets, l’exercice a été positif : « c’était surtout le chemin qui était intéressant. »  Pluriact a fait ressortir les difficultés à faire un travail en commun. Pluriact a pu être un révélateur dans le sens où il a soulevé des questions, « mais est-ce le rôle de Pluriact d’apporter les réponses, moi je ne l’ai pas compris comme ça. Alors pour le moment les réponses ce n’est pas le sujet. Pluriact nous aide à nous poser des questions et comment on se les pose. Ça a servi à nous dire ‘’vous avez une source, un besoin à vous de le mettre en œuvre’’.

Pluriact est alors défini comme la recherche de convergence de quelque chose de commun peut être autour du comment, en tout cas une volonté de chercher quelque chose qui les relie dans le sens profond de l’action, avec des visions différentes. « Pluriact est une recherche de convergence de l’action sociale. »

Dans cette optique, on peut dire que ça a permis « de connaitre comment on travaille en fonction du travail que l’on fait quel que soit la position. Mais aussi de revoir sa façon d’être, de revoir sa façon de poser les choses, de dire les choses. »

Ce qu’on a fait avec Pluriact, c’est à nous d’en faire quelque chose.

Les réactions à l’usage du thème de la réflexivité reflètent la même dissension.

Certains déclarent ne pas avoir compris ce terme, « J’ai été bien empêchée ! » Ce mot a montré qu’on tournait en rond, on disait toujours la même chose ! « Est-ce que c’est une réflexion sur nous, sur notre travail,  sur ce qu’on avait fait ou est-ce l’idée du miroir qui réfléchit. C’est-à-dire se regarder travailler ?

D’autres considèrent que c’est comment on prend du recul. « C’était intéressant et c’est exactement le travail de Pluriact. » Un questionnement sur nous-même et sur nos pratiques.  Ça nous met en face de nous et notre impossibilité de réfléchir ensemble. Donc parler de réflexivité en dernière séance est logique.

Un participant pense que quelque chose de profond s’est engagé qui permet de réfléchir et qui est à poursuivre. Et si les débats ont été animés, tous convergent vers ce qui est commun : l’aide à la personne, l’accompagnement de la personne. Un autre expose que le thème de l’intime a été abordé. Comment dans un groupe on a suffisamment de confiance entre nous pour poser l’intimité de soi par rapport au travail. Chacun fait les choses d’une certaine manière, à sa façon, en cela il y a une part d’intime qui s’exprime. On touche à l’humain, à l’intime, à partir de ça poser le cadre, est-ce qu’on est suffisamment en confiance pour ça ? De quoi avons-nous besoin chacun ici pour que cette confiance existe ?

Ce travail de Pluriact et ce travail de réflexivité nous amène à ça.

La référence au miroir est abordée dans ses effets : « Ce serait un passage par l’au-delà du miroir, on prend un risque lorsque le teint se défait. »

Conclusion :

Le groupe exprime le sentiment de commencer à travailler sur ce nouveau concept Pluriact. Le sentiment d’être « au début d’un truc », qui va prendre du temps : « On a tous un idéal, bien sûr que sur la philosophie on est tous d’accord. C’est facile d’avoir de beaux discours,  mais comment on fait dans le concret ? »

La réponse à cette question trouve peut-être une ébauche de réponse. Les échanges se sont heurtés à une question méthodologique majeure sous forme d’impasse : la PF revendique une souplesse dans l’accueil et l’accompagnement, mais peut-elle s’exempter d’un cadre ? Certains attendent un espace plus cadré pour poser les choses et gagner du temps, d’autres  considèrent que la souplesse permet de mieux répondre à la complexité des situations.

« Ne peut-on pas inventer quelque chose pour faire différemment ? Et c’est là que ça devient compliqué, qu’est-ce que ça veut dire différemment ? »