CRRF André Lalande de Noth

COMMUNICATION CRRF André LALANDE

Yves-André VIMONT

INTRODUCTION

Je remercie monsieur Depaulis et le collectif Pluriact de m’avoir invité aujourd’hui à témoigner au nom du CRRF André Lalande de cette expérience partagée lors de nos sept rencontres entre octobre 2017 et  avril 2018.

J’exerce depuis 36 ans en consultation CRRF comme médecin rééducateur au sein d’équipes pluridisciplinaires, spécificité incontournable de ma spécialité. Je travaille en équipe pluridisciplinaire avec la volonté d’une dynamique interdisciplinaire, selon vos mots, au cœur de nos pratiques et réflexions.

Monsieur Depaulis lorsque vous êtes venu en avril 2016 nous présenter votre projet de recherche-action (démarche pluridisciplinaire, en acte, au service de la personne vulnérable) nous ne pouvions qu’y souscrire. Dix-sept salariés se sont portés volontaires pour y participer, nous avons dû restreindre le groupe.

Avant de vous présenter quelques idées fortes qui ont émergée de ces rencontres relatives à l’usager, le professionnel, le collectif, l’équipe, l’institution, des éléments relatifs au contexte dans lequel nous travaillons ne pouvaient être occulté.

LE CONTEXTE

Le monde change, nos pratiques doivent évoluer, trois idées fortes contextuelles :

1er L’émergence depuis une trentaine d’années dans le champ des maladies chroniques (en plein essor) et du handicap, d’une approche bio-psycho-sociale, conceptualisée par Engel. Elle repose sur une représentation de l’être humain dans laquelle les facteurs biologiques, psychologiques et sociaux contribuent simultanément au maintien de la santé ou au développement de la maladie. Elle requiert une pluridisciplinarité pour évaluer simultanément les données biomédicales, environnementales mais aussi les attitudes, les comportements, les facteurs émotionnels du sujet afin de favoriser sa participation active.

2ème La transformation ces vingt dernières année de la relation usager / professionnel de santé. Nous sommes successivement passés d’un patient compliant à observant puis adhérant pour devenir un allier thérapeutique et maintenant avec des compétences  d’auto soins et d’adaptation.

3ème Depuis 1996, il y a un modèle médico-économique pour les établissements de santé, non remis en cause à ce jour, basé sur un fonctionnement à l’activité. Il impose de concilier Production des soins – Qualité des soins – Efficience des organisations.

Bref « faire mieux et plus avec moins ! ».

DES MOTS CLEFS

 Quelques mois plus tard, à la relecture des CR de nos réunions de travail, nous avons la confirmation que le choix des thématiques était pertinent, complémentaires et interpénétrées. Il a permis de balayer de nombreuses dimensions, aspects qui sont au cœur de la démarche pluridisciplinaire.

Il en ressort, me semble-t-il, quelques points forts récurrents, fédérateurs par rapport à la thématique ou l’échelon, la composante de cette pluridisciplinarité : patient, professionnel, équipe, institution.

La dimension humaine individuelle et collective est prépondérante. La pluridisciplinarité c’est de l’humain avant tout : « L’interdisciplinarité ne se décrète pas, elle se vit ! »

Je vous propose de présenter ces points forts sous la forme de mots clefs, réducteurs par essence.

1er La confiance en soi, en l’autre. Se faire confiance, s’écouter, prendre la place que l’on s’autorise.

2ème La connaissance, reconnaissance. Se connaître, ses limites, connaitre, reconnaitre l’autre pour s’appuyer dessus. Ne pas méconnaitre forces, faiblesses et risques d’un groupe.

3ème La motivation, la volonté de s’ouvrir d’aller vers l’autre, de travailler ensemble dans une équipe, dans un établissement, mais aussi la motivation à prendre du recul sur soi, sur ses pratiques.

4ème Le respect de soi, des autres, du patient en conciliant le cadre, son libre arbitre, sa responsabilité professionnelle, le respect du projet du patient même s’il faut parfois l’aider à le faire émerger. Respect du travail de l’autre : écoute attentive et active

5ème Le savoir et la complémentarité : savoir professionnel, savoir être, savoir du patient, mutualisation des savoirs pour un projet. Non savoir de chacun.

6ème Le partage, partage de valeurs, d’un projet d’établissement co-construit, d’un travail de groupe, d’un projet de patient… La volonté partagée de bien faire et d’accueillir de nouveaux collègues

7ème L’adaptation, c’est l’autonomie. Pouvoir s’adapter, réviser un jugement après réflexion. C’est avoir une capacité d’écoute et d’autocritique.

Au-delà de ces sept mots clefs, deux éléments apparaissent déterminants pour leur éclosion et leur fructification, catalyseurs ou pas.

  1. Le temps. Indispensable, formalisé, informel, personnel, L’institution doit donner ce temps aux professionnels pour partager, se connaitre, construire.

La temporalité des uns et des autres n’est pas la même.

« Time is money » mais s’il n’est pas valorisé financièrement, il nous enrichit !

      2. La communication. Incontournable, elle repose sur :

– nos volontés individuelles et collectives,

– la mise à disposition d’outils soucieux d’un langage commun accessible à tous,

– la recherche de moyens permettant de dissocier la fonction du métier (PII, Diagnostic éducatif),

– un effort individuel de traçabilité qui contribue à la communication mais aussi à notre identité, à la connaissance de notre rôle.

CONCLUSION, DISCUSSION 

Je renouvelle mes remerciements et ma considération à nos deux animateurs Mme Alonzo et M Depaulis. La qualité de cette animation est primordiale dans le cheminement, la réflexion proposés. Vous avez permis, au cours de ces séances, une liberté d’expression, d’écoute, sans jugement. C’est cette animation qui nous a permis de prendre du temps sereinement, du recul, de réfléchir seul et ensemble.

Au-delà de cet enrichissement personnel et pour le groupe, d’un sentiment « d’être plus léger », exprimé par beaucoup, « Qu’est-ce que nous en faisons ? »

Quels chemins, quelles pistes pour continuer d’avancer sur cette démarche pluridisciplinaire au service des patients accueillis à Noth ?

  • Travail et réflexion personnels incontournables.
  • Adhésion partagée à des valeurs, à cette démarche.
  • Du temps, de la communication mais sous quelle forme :
  • Formalisation de lieux et temps d’échange, sur quels thèmes ? Comment appréhender la dimension humaine prépondérante ?
  • Salle de « ralage »
  • Analyse pluridisciplinaire de pratiques sous la forme d’EPP, telle que recommandée par la HAS, sous la forme ou d’un équivalent du travail proposé par Pluriact mais pour tous les salariés ? les volontaires ? Les mêmes ateliers ? Quelle animation ?
  • La création d’un réseau pour une réflexion élargie entre établissements médico sociaux et sanitaires.