Témoignage Christian DIABONE, Carsat, Limoges
ATELIER PRECARITE
Proposition de pistes à utiliser, ou non, librement :
Présentation
Je suis salarié de la Carsat et j’opère donc sous l’égide du service social. Le Service Social de l’assurance maladie reçoit et accompagne les assurés sociaux du régime général et les travailleurs indépendants. Une particularité est à noter nous opérons à la fois pour les actifs et pour les retraités du régime général sur d’eux axes majeur d’intervention.
La Prévention de la désinsertion professionnelle.
La Sécurisation des parcours en santé.
Nos axes d’interventions s’inscrivent dans une perspective de gestion du risque avec comme paradigme de l’intervention sociale une action ciblée, anticipée tant que faire se peut pour limiter les effets délétères de la problématique sociale qui perturbe l’itinéraire « normée » de l’assuré. Ceci nous installe dans une démarche pro-active par laquelle nous nous présentons à l’assuré sur détection de certains partenaires (Service médical notamment, Établissement de santé, ….
Sur la personne précaire elle-même.
– Comment se présente-t-elle ?
Comme présenté ci-dessous notre démarche institutionnelle d’aller vers l’assuré est à rebours de la stratégie habituelle de l’intervention sociale qui généralement se fait dans l’axe besoin exprimé par l’assuré (la commande) qui s’adresse à un service en vue d’une (réponse sociale). Pour nous, la démarche consiste à présenter à l’assuré la palette de nos champs d’intervention et l’opportunité qu’il aurait à s’en saisir en tant que ressources pour faire face aux défis repérés par un partenaires institutionnel ou un partenaire externe. Il y a là un sujet qui sous-tend la relation future à bâtir avec cet assuré qu’on pourrait en grossissant le trait résumer à cette assertion. « Vous avez une difficulté sociale dont on ignore l’impact réel, si vous l’admettez nous pouvons vous accompagner dans la compréhension de cet obstacle et dans votre recherche de solutions », nous nous mettons à votre disposition.
Pour autant, nous ne sommes pas en entorse totale des principes qui jalonnent la méthodologie du travail social notamment la pleine adhésion de l’assuré à être accompagné par le service social de l’assurance maladie.
La mise à disposition par courrier permet à l’assuré de cheminer seul, de s’affirmer de la nécessité de venir à nous et donc d’agir en conséquence de cette attente.
– Par quel canal vous contacte-t-elle ?
Sorti des traitements de fichiers automatisés (requêtes, le moyen de contact le plus usité reste l’appel téléphonique entrant qu’il soit de l’assuré ou d’un tiers. Cette sollicitation est donc consignée dans l’outil-métier par sécurisation du profil de l’assuré avant d’être confiée à un travailleur social qui sera le réfèrent du parcours de l’assuré.
– Sur quelle demande ?
Sur l’axe d’intervention « Sécurisation du parcours de santé » il s’agira d’accompagner l’assuré à lever tous obstacles qui limitent son accès aux droits et /ou son accès aux soins.
Sur l’axe d’intervention « Prévention de la désinsertion professionnelle » il sera question en lecture de sa trajectoire médicale de veiller à la fois à lui faire valoir des droits, à le guider dans le parcours administratif idoine, à évaluer les restrictions d’aptitudes subies et leurs impacts sur le métier exercé. Selon ces limitations d’aptitude et le risque de perte d’emploi, il sera déployé un réel parcours visant à offrir à l’assuré à travailler sur un projet professionnel de reconversion ou de formation alors qu’il est encore en arrêt de travail.
– Comment exprime-t-il cette demande ?
Dans notre environnement, la parole médicale revêt une grande importance pour nos assurés qui l’expriment ainsi :
Le médecin m’a dit que je ne pourrai pas reprendre mon travail. L’assuré se présente souvent sous cette caution médicale. Ce n’est que dans l’entretien avec le professionnel qu’il abordera les effets du diagnostic sur son système privé, personnel et familial ainsi que le retentissement de ce fait sur sa vie sociale et professionnelle.
Sur le professionnel.
– Les attentes des personnes précaires sont-elles à la mesure des réponses que vous pouvez apporter ?
Dans l’absolu, non. Nous ne les sortons pas de la précarité. Nous jugulons le fait « accidentel » qui vient frapper leur trajectoire de vie. La dynamique de précarisation installée avant que nous les rencontrions demeure. Ce n’est que dans de très rare cas que l’assuré s’affranchît du spectre de la précarité. Cela dépend de son environnement social, sa force de résilience, de sa formation initiale qui sont autant de facteurs de résistance et de réussite lui permettant de disposer de plus de chances de reconversion pour négocier sa transition.
– Avez-vous des réponses sociales, administratives satisfaisantes à leur apporter ?
Oui dans la plupart des cas, les assurés accompagnés par le service social de l’assurance maladie sont orientés dans leurs situations pour trouver des réponses en droits conformes à la législation et à leurs situations personnelles par activation de dispositifs légaux et le cas échéant de prestations extra-légales pour soutenir ponctuellement leur transition.
La nature de la relation qui s’engage.
– En début
Méthodologiquement et en accord avec notre démarche d’aller-vers le cadre de notre intervention est systématiquement présenté à l’assuré dès le premier rendez-vous physique. Cette reformulation est nécessaire car elle est garante de la qualité du parcours de l’assuré qui n’est pas captif mais acteur de plein gré , capable d’entendre nos limites en termes de moyens, capable d’agir et d’articuler nos ressources à ses propres capacités.
– Durant le suivi
Intervenant dans le champ médical, nos assurés sont toujours aux prises avec une maladie qui est le fait d’une rupture de trajectoire, d’un renoncement, d’un deuil de la situation antérieure pour cause médicale et de bouleversements consécutifs qu’ils soient de l’ordre économique, professionnel, personnel, social……
– Et en fin d’intervention
En fin d’intervention, il est souvent question d’un rétablissement en droit, d’une alternative trouvée, adoptée comme sortie optimale au bénéfice de l’assuré dans la limite de ce que notre droit social propose.
Difficultés spécifiques à l’accompagnement de la personne précaire.
Pour le professionnel la difficulté réside dans le fait qu’il est témoin d’un processus qui renvoi avec acuité à notre propre finitude. Etre témoin des dynamiques de précarisation, prendre conscience du processus précarisant nous offre de voir nos propres fragilités. Selon la maturité du professionnel et à mon sens deux réactions antagonistes résonnent en nous et l’une comme l’autre ancre nos altérités ; l’identification et le rejet.