Compte rendu du lancement de Pluriact

REUNION PLURIACT du 20 JANVIER 2017

COMPTE RENDU DU GRAND TEMOIN

Claire Godefroy et moi-même avons tenté de recueillir les mots qui ne cessaient d’insister dans les différents propos des intervenants. En mettant en regard nos recueils respectifs, nous avons constaté, avec surprise et bonheur, que nous avions retenu sensiblement les mêmes termes.

L’intervention du Professeur Jean Navarro donna le ton, au sens où les exemples qu’il a choisi de donner mirent au centre de la démarche de « Pluriact », une éthique, que la suite des interventions ne cessèrent d’éclairer. Les avancées de la science, notamment le décryptage du génome humain, donnent corps au fantasme de « tout connaître » de la pathologie d’un patient. Sans nier les avantages thérapeutiques d’une telle connaissance, Jean Navarro souligna les dérives éthiques qu’un tel savoir engendre : identifier le patient à son « bout de génome », au risque d’une perte « de son droit à la parole ». Personnaliser le traitement ne devrait pas conduire à une dépersonnalisation du sujet souffrant.

Toutes les interventions tentèrent de relever ce défi, sous le nom d’éthique, rendant à ce mot sa force et sa puissance évocatrice. Par sa présentation de « Pluriact », Alain Depaulis inaugura une série d’interventions, marquées par l’enthousiasme, où nous pouvions entendre la redondance de ce mot d’éthique comme un appel à un dépassement, un désir d’inscrire le travail avec les personnes vulnérables dans un au-delà de la « juxtaposition »(Jean Navarro) des professions et des techniques.

Ensuite le mot « savoir » se fit aussi insistant. Nous pouvions l’entendre comme le nom de ce point de butée, de heurt, auquel chacun est confronté dans sa pratique. Point qui porte parfois le nom de « souffrance », autant du patient que du professionnel. Corinne Rougerie et Vincent Enrico ont ensuite exposé la méthodologie. Quel savoir-faire pouvons-nous inventer? Telle est, pensons-nous, la question qui sous-tend l’attente d’une méthode, au caractère transmissible, soulignons l’importance de ce terme maintes fois évoqués. La présentation des 6 axes d’une « clinique en partenariat », par Alain Depaulis, par son adéquation à cette attente, éclaire l’enthousiasme soulevé par « Pluriact ». La présentation des services a permis de saisir les motifs de leur participation, leurs attentes, ouvrant ainsi à des échanges entre équipes.

N’étant pas un modèle à reproduire, mais les conditions rigoureuses pour que puisse se produire le passage de l’usager à l’usageant, « Pluriact » répond à l’éthique de ces professions qui s’occupent de l’humain, du sujet parlant. Parmi ces conditions nécessaires, il a été souligné l’importance du temps, de ce temps propre à chacun, qu’aucune technique ne peut négliger, sous peine d’échec. Le temps nécessaire pour devenir « usageant », acteur et sujet de sa parole : une responsabilité et un engagement.

 Alain Molas, Claire Godefroy et Véronique Alonzo