Foyer “Les Méris” Aubusson

FOYER D’HBERGEMENT « LES MERIS », ADAPEI  AUBUSSON

Vincent GARLASCHI

 

Bonjour à toutes et à tous,

Je m’appelle Vincent Garlaschi, je suis cuisinier au sein du centre d’hébergement pour adultes en situation de handicap à Aubusson, en Creuse, pour l’ADAPEI23.

Nous avons choisi d’axer nos séances, nos entretiens, autour du thème de l’alimentation en se servant des items proposés par Pluriact.

Chacun des résidents a sa ses propres représentations de ce que peut être l’alimentation, du fait des souvenirs, odeurs, saveurs, sensations, goûts….mais celles-ci peuvent être perturbées par la prise de certains médicaments, les problèmes psychologiques et psychiatriques, la pression sociale, les publicités qui nous entourent à chaque instants et les problèmes d’addiction.

Il en est de même pour les professionnels qui les entourent, les aident, les accompagnent au quotidien. Avec le même lien très intime et personnel qui nous unit à ce que nous mangeons et à comment nous mangeons.

Cette introduction faite, je vais énumérer de la façon la plus concise possible, les grands axes qui ont animés nos débats, parfois assez vivement, de cette expérience que fût Pluriact.

Le premier axe se rapporte au résident : l’alimentation, un plaisir ambiguë !

  1. Le grignotage (nourriture prise en dehors du moment des repas).
  2. La demande d’autonomie face à l’alimentation.
  3. Les comportements alimentaires inadaptés durant les repas.

Le deuxième axe se rapporte aux professionnels : un difficile équilibre entre accompagnement et autonomie.

  1. Le travail de prévention des professionnels.
  2. le manque de vision commune de l’équipe pluridisciplinaire sur ce qu’est l’alimentation.
  3. « l’espace/temps », moment du repas et son environnement

Le premier axe se rapporte au résident : l’alimentation, un plaisir ambiguë !

Durant nos échanges, nous avons vite été confrontés à la difficulté des équipes éducatives à contrôler ce phénomène qu’est le grignotage. Car il s’adosse à la demande et à l’envie d’autonomie du résident. Il y a un fort désir de plaisir dans ce mode d’alimentation qui peut aller même jusqu’au loisir pour certains. Cette demande d’autonomie se traduit aussi par des prises de repas à l’extérieur de la structure, comme en famille par exemple, avec des amis, ou, tout simplement, seul pour manger un burger, un kebab, une pizza. (les résidents étant libre d’aller et venir en ville dans les magasins, épiceries, supermarchés…)

Il y a aussi moult comportements que l’on pourrait qualifier d’inadaptés durant les repas pris sur la structure (c’est un self type cafeteria). Nos résidents faisant la queue pour se servir seul (mis à part les régimes qui ont des plateaux préparés par l’équipe des cuisines) les entrées, le fromage et le dessert (plusieurs choix possibles) le plat principal étant servi et donné par le cuisinier en bout de parcours. ). Pour exemple, la prise déraisonnable de sucre, de beurre, de fromages, le refus systématique de manger des légumes ou des fruits …..

Le deuxième axe se rapporte aux professionnels : un difficile équilibre entre accompagnement et autonomie.

Un travail de prévention a été commencé au sein de la structure, avec l’intervention notamment de divers acteurs extérieurs (infirmières, diététicienne, nutritionniste) mais aussi d’une partie du personnel, avec systématiquement le concours des résidents. Cependant, il en ressort qu’il faut accentuer ce travail, notamment au quotidien, avec un accompagnement plus marqué de la part des équipes. 

Un choix éclairé en quelque sorte, au quotidien.

Aujourd’hui, on se confronte à un manque de vision commune de l’équipe pluridisciplinaire au sujet de l’alimentation.

Il est tout d’abord très difficile pour certains professionnels de s’exprimer sur ce sujet qu’est l’alimentation (effet miroir). Il y a aussi une vision de certains qui est totalement différente des directives alimentaires à ce sujet. Enfin, il y a ceux qui font de leur mieux pour appliquer les nombreuses directives d’hygiène alimentaire demandées mais aussi médicales (prescriptions de régimes)

Il est, dans ces conditions, très difficile de tenir un cadre alimentaire qui peut (et doit) dans certain cas, être strict. On parle des régimes hypocaloriques et hypoglycémiques.

Il en résulte une confrontation entre « blocs », chacun de ces blocs ayant des arguments pour défendre leur positionnement face à l’alimentation. Cette confrontation, empêche le développement rapide d’une bonne hygiène alimentaire et n’est pas aidante pour le résident qui trouvera toujours un professionnel complaisant, qui ira dans son sens, au risque d’en oublier les conséquences pour sa santé.

Deux tableaux (1. Situation actuelle et 2. Objectif idéal présentés en power point lors du Symposium) illustrent que lorsque l’équipe pluridisciplinaire n’a pas une vision commune et un positionnement homogène, les résidents se trouvent pris dans des discours contradictoires.

Nous avons aussi pu soulever au fil des débats, que le changement de population accueillie : public plus jeune, pathologies différentes, moins lourdes, entraînait des attentent différentes de la façon de s’alimenter. Il y a une forte demande des plus jeunes d’avoir accès à des horaires plus souples, une rapidité pour manger ou encore un environnement plus moderne dans lequel ils mangent (demande de chaise de bar et de comptoir, banquette façon cafeteria). Alors que le public plus ancien reste ancré dans l’esprit de ce que l’on pourrait appeler le repas traditionnel familial (avec de grandes tables où les repas sont pris sur un temps plus long).

Nos débats nous ont souvent dirigés vers cette projection de ce que doit être un repas. Avec là encore énormément de différences de points de vue entre les professionnels des différents corps de métier. La clef étant quel environnement proposé à nos résidents pour les mettre dans les conditions les plus favorables possibles pour respecter un cadre alimentaire sain. Difficultés de mise en place pour de simples raisons de logistique, difficulté à mettre en place car pas de demande réelle de la part des résidents, difficulté de mise en place car vision divergentes de la part des différents professionnels impliqués.

Beaucoup de bruit à cause de la file d ‘attente, bruit des plateaux, distance que peuvent mettre ces dits plateaux entre les personnes qui mangent à la même table, Sont autant de raisons qui ont amené certain professionnels à proposer de faire des repas des moment plus conviviaux, sans plateau façon cafeteria, avec de plus grande tables et des plats posés sur table ou chacun se servirait. Comme à la maison. Cette organisation du repas implique un certain « travail » des résidents (mettre la table, la débarrasser, la nettoyer), le nouveau public étant dans l’ensemble retissant à toute participation (ils paient pour un service) tandis que le public plus anciens, aime à s’impliquer dans ces petites tâches quotidiennes (demande d’aider à la vaisselle, à faire le ménage, éplucher les légumes).

Ce questionnement autour de « l’espace-temps » est toujours en cours au sein de l’équipe pluridisciplinaire et se heurte d’un coté aux attentes diverses et variés des résidents et de l’autre à celles des professionnels.

 

 Conclusion, retour d’expérience

Il faut prendre les problèmes d’alimentation comme un immense château de cartes, qu’il faut sans cesse reconstruire, consolider, refonder. C’est un objectif majeur pour la bonne santé de nos résidents.

Pluriact a apporté la colle qui va aider, je ‘espère, à fonder des bases solides pour poursuivre notre travail à ce sujet.

Si je devais trouver une limite à ce travail, c’est le temps long sur lequel il a été effectué (18 MOIS entre la première séance et cette restitution) et pour notre part, le manque d’une plus large représentation des professionnels confrontés à ces questions d’alimentation au sein de notre structure.

Cependant, cela aura permis d’entamer un processus de réflexions, qui je l’espère, nous aidera à avancer sur ce point complexe qu’est l’alimentation.